A Djibouti ville.

Sédentaire à Djibouti. Bienveillance et solidarité des expatriés militaires ont fait le reste. En une semaine, nous étions chez nous.

dimanche 26 août 2007


A peine un mois et demi qu’on a posé le camion sur ce petit coin de poussiére et on à l’impression d’habiter là depuis toujours... Effet Djibouti, les repères ont tous disparu. Ici l’espace est intemporel, international, indéfini.

Intemporelle. - 52.7 ko
Intemporelle.

A peine débarqués on est allés se poser sur le port de pêche, bien grand mot pour qualifier le terrain vague et poussiéreux où squattent de pauvres gars, moitié pêcheurs moitié ferrailleurs 100% menteurs, mais qui nous ont fait un petit trou dans leur fournaise. C’est Tarzan, le chef de clan, qui nous a pris sous son aile et son bagout. Il nous a choisi la meilleures place ; celle la plus venteuse, la plus éloignée des relents de poissons, et bien placée dans son champs de vision pour qu’il puisse assurer la mission autoproclamée de « chouffe » (garde),

Bucéphale sur la pécherie.

une spécialité locale que se disputent tous les Djiboutiens confrontés à un véhicule immobilisé. Très consciencieux, il a aussi enrôlé sa jeune épouse pour assurer notre sécurité-quiétude-protection. De jour comme de nuit les curieux (voire les simples passants) étaient houspillés par la mégère, nous étions approvisionnés de glace pillée volée à la criée, gorgés de thé somalie, et initiés aux tartines d’huile de requin (ne pas confondre les vertus aphrodisiaques du foie de pointe grise avec les effets laxatifs du suc de roussette). En simple contrepartie, nous partagions nos réserves de riz et de clopes et assurions une présence assidue durant les interminables veillées devant sa cabane. Grand plaisir que d’y découvrir la philosophie locale, un genre de mixage entre la faconde marseillaise et la poésie animiste. Mais difficulté de tenir la distance, car seuls à ne pas consommer le kat nous restions un peu sensibles au besoin de sommeil et à l’effet soporifique des pêcheurs volubiles.

En plus de ses talents de conteur, Tarzan bénéficiait du carnet d’adresse le plus fournis du port (40 ans qu’il grenouille dans ces eaux, ça aide). Il nous a donc présenté au capitaine du bateau de plongée, qui nous à présentés au responsable du club de plongée militaire, qui nous à présenté ...

Bienveillance et solidarité des expatriés militaires ont fait le reste. En une semaine, nous étions chez nous.

Je pars plonger ! - 148 ko
Je pars plonger !

Nous avons une maison prêtée pour la durée des vacances du propriétaire, ce qui nous permet d’apprécier le bonheur de l’eau courante, de la climatisation, et du congélateur (maintenant c’est nous les chouffes). D’accord c’est du luxe mais pas du superflu quand même. En moins de dix jours passés dans le camion le terrible climat Djiboutien avait commencé à faire des dégâts : bourbouille pour moi (inflammation de la peau causée par la sudation permanente), fatigue intense pour Marc à cause du manque de sommeil (impossible d’envisager une nuit réparatrice avec 42 degrés au thermomètre à trois heures du matin), et difficulté à assurer la logistique dans un camion devenu fournaise (aliments moisis sitôt achetés, matériel électronique en surchauffe, frigo saturé par les besoins en eau....).

Bonne-mine en plongée...
Bivouac en plongée.

Nous avons les clefs du club de plongée, confiées à Marc qui a rendossé ses galons de moniteur et qui fait déjà référence à l’avant du bateau (mais pourquoi ils l’appellent tous Cousteau ???).

Je sors de plongée...

J’ai une nouvelle panoplie d’infirmière, prêtée par l’hôpital militaire où je vais travailler tous les matins.

Donc en gros on est bel et bien posés jusqu’en octobre et on apprécie cette nouvelle facette du voyage. En fait, c’est l’organisation idéale pour goûter ce drôle de pays. Vivre avec les militaires ? Un passage obligé dans une ville totalement investie par les uniformes (Français, mais aussi Américains, Allemands, Djiboutiens) et totalement structurée pour eux. Les équipements de loisirs et de cultures sont tous à l’intérieur des bases (super bien équipées) et sans laissez-passer on ne pourrait pas s’offrir la moindre plongée. En plus c’est l’occasion de partager le quotidien de Français un peu hors du commun. Je dois avouer que l’on rencontre ici beaucoup de personnalités riches et fortes, bien éloignées des caricature simplistes. Solidarité et convivialité sont maitre mot. N’appartenant pas à la grande famille, je crois qu’on est un peu perçus comme des handicapés de la vie qui méritons aide et soutien. Pas désagréable...

Travailler sur place ? Un excellent moyen de rencontrer la population locale (les patients, les collègues qui sont en majorité Djiboutiens et aussi les méandres de l’administration où j’ai dû me plonger pour ouvrir un compte en banque, passer ma visite médiale...), d’apprendre d’autres méthodes de travail (ah la médecine militaire) et de se sortir de la torpeur dans laquelle le climat nous englue. C’est aussi l’occasion de deux séances de sport extrême quotidiennes.

Je pars au travail ! - 138.9 ko
Je pars au travail !

De ma vie je crois n’avoir rien pratiqué de plus dangereux que la traversée de Djibouti en vélo. L’aventure ne dure que 20 minutes chaque fois mais c’est d’une grande intensité. Concentration maximum, dents serrées, cou en girouette, sueur qui m’aveugle, je me remémore Le Salaire de la Peur. Objectif : arriver entière et ne pas me faire percuter. Moyen : rouler contre le trottoir et y projeter le vélo chaque fois qu’un véhicule me dépasse en triple file, qu’un piéton ou un chien errant me coupe la route, qu’un camion surgit à l’aveugle d’une porte cochère. Le challenge maximum : la débauche à 13H30. C’est l’heure à laquelle le Kat arrive en ville. L’avion quotidien atterri à 13 H. Il est déchargé dans la foulée, et des dizaines de véhicules déboulent en ville klaxonnes hurlants pour livrer les centaines de revendeurs. Au même moment les Djiboutiens débauchent et ils se ruent vers les étals pour faire provision des bottes de feuilles qui les occuperont jusque tard dans la nuit. Aïe Aïe quel gymkhana.

Voilà, à part le vélo la vie est calme et agréable, et on profite de ce break un peu original.

Hélène.

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