De loin en loin, Laos.

Tout en chantant un texte de Renault "C’est pas l’homme qui prend la route,

jeudi 11 mars 2010


Déjà un mois que nous sommes au Laos. Nous le quittons demain par la grande porte du pont de l’Amitié à Vientiane. Une belle histoire ne pourrait se terminer ainsi, aussi brièvement. Non, Nous allons faire un petit saut de 15 jours en Thaïlande pour réapparaitre au nord Laos vers Hay Xay.

Une belle histoire, car de vallées en cols et de pics karstiques en plaines, le paysage est fabuleux. De Phonsavan, nous partons pour la grande boucle de l’est jusqu’à Vieng Xai. Une curiosité naturelle et historique. Nous délaisserons cette dernière, les grottes bunkers utilisées par les officiers du Pathet-Lao, ne nous attirent pas. C’est le décor ici qui est reposant, pics en forme de pains de sucre émergent d’une plaine tachée de cultures et de lacs artificiels jaunâtre. C’est comme une baie d’Along sans la mer.

Tout en chantant un texte de Renault "C’est pas l’homme qui prend la route, c’est la route qui prend l’homme", nous allons de surprise en surprise sur cette route. D’abord elle est bonne, asphaltée, sinueuse comme en Corse, et au paysage dégagées. Les points de vue sont ici clairs et profonds.

Dans un virage serré une vielle Minsk, le tambour fumant, est entrain de refroidir. Dans une vraie bande dessinée de Bilal, Gil serait entrain de pisser dessus. Moi, j’y aurai ajouté un furet apprivoisé sur le cadre jouant avec un appareillage déglingué pour prendre des photos en roulant. C’était presque ça, mais plus récent. Français, retraité à 45 ans, Gil arrive de Hanoï ou il a acheté pour 350 $ cette moto mythique, mais surtout qui fuit de partout. Voila trois quatre ans qu’il est sur la route, on va donc prendre quelques instants et nous savourer un vrai café Lao dans le virage. Passionnant, merci Gil, tu me donneras l’envie de traiter l’image du Laos autrement. A te revoir.

On est donc seuls à rouler vraiment pépère, car ça vire, ça monte, ça descend et ça freiiiiiiiine ! Une chèvre est là entre les roues entrain de mettre bas, deux petits agneaux noirs, là devant nous, sur l’asphalte. Prend ton temps ma belle, on n’est pas pressé même si ça me retourne un peu les boyaux. En vingt minutes tout était nettoyé, debout sur les gambettes branlantes, trouvées les mamelles. On ne lui a pas proposé pas de café ! Et pourtant elle le méritait.

Voila c’est un peu comme ça le Laos, le vrai, celui que nous traversons ainsi pendant des heures et des heures, des jours, car ici la "moyenne" se compte en heure et non en kilomètres. Des centaines de petits villages accrochés à la pente, ou courent les enfants, pleins d’enfants, les poussins, les petits cochons, les veaux. Les femmes sur leur métier tissent des sarongs sous les maisons. Les hommes tressent le bambou pour rénover la toiture avant la saison des pluies. Un vieux bus déglingué charge ceux-là qui attendaient son passage, sans en savoir à qu’elle heure il passerait. On est vraiment hors du temps, pas d’électricité, pas de bruit, juste un bon café Lao pour savourer tout cela...

Luang-Prabang est au loin dans la brume, on s’y retrouve pour la suite.

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