Accueil du site > Carnets de route de Bucéphale par pays. > Carnets de route de Malaisie. > Le festival de Thaipusam en Malaisie
|
|||
Le festival de Thaipusam en MalaisiePendant cette imposante procession, leurs langues et leurs joues sont perforées de longs pics terminés d’un trident....vendredi 10 février 2012 C’est aux environs des mois de janvier-février de notre calendrier (cette année 7/8 fev 2012) occidental que les Tamouls participent au grand festival de Thaipusam, dont le lieu principal sont les grottes de Batu, aux abords de Kuala Lumpur. Je suis de retour en Malaisie après l’Australie pour y assister. Thaipusam Batu cave Thaipusam [1] est un grand festival religieux hindou qui est célébré le dixième mois du calendrier lunaire tamoul, suivi en Malaisie, à Singapour, aux îles Maurice et en Afrique du sud. Les Tamouls, bien que déplacés en Malaisie au moment de la colonisation britannique, ont toujours été fidèles à leur culture et respectent scrupuleusement chaque date religieuse de leur calendrier. Après avoir été longtemps réservé aux seuls initiés de la religion hindoue, le festival de Thaipusam est aujourd’hui ouvert à tous. On comptait cette année plus d’un million de personnes aux grottes de Batu à l’apogée de cet événement. Les visiteurs non avertis de plus en plus nombreux à ce festival (car conseillés par le guide du routard, et oui !) sont le plus souvent « surpris » voire très choqués…. Pourquoi ? Thaipusam est avant tout un rite de pénitence… Pour que vous puissiez vous rendre compte du « spectacle » offert aux touristes naïfs, voici le déroulement du festival de Thaipusam. Un mois avant le festival, les fervents entament un processus de jeûne très strict, nécessaire à la purification du corps. La veille du festival, au temple hindou de Mariamman dans la capitale, la statue du Dieu Muruga est ornée de bijoux, de parures colorées, de fleurs, etc... L’effigie du Dieu Muruga repose sur un chariot flamboyant à coté de ses conjointes du panthéon hindoue, Valli et Theivanai. Une fois décoré, cet ensemble quitte l’enceinte du temple et se mêle à une foule immense pour une longue procession nocturne qui les mènera aux grottes de Batu. Les fidèles entonnent des mantras (versets sanskrits), d’autres jouent des percussions aux sons aigus dans des rythmes effrénés. Au fil du parcours la procession se gonfle de milliers de fidèles. Le jour suivant, c’est par dizaines de milliers que les fidèles et les visiteurs convergent vers les grottes. Les fervents s’attardent le long d’un petit cours d’eau, métaphore du Gange en Inde, le long duquel ont été aménagées des douches collectives à ciel ouvert contribuant à la purification corporelle de la pénitence. Jusque là, on peut se demander ce qui peut tant choquer les visiteurs non avertis… La pénitence passant par une purification corporelle faite de jeûne et d’eau, va alors s’accompagner de souffrances physiques (volontaires de la part des fervents) nécessaires à l’expiation des fautes comme dans la plupart des religions. Les corps des pénitents sont donc implantés par un nombre défini d’aiguilles d’argent. Ces implantations symbolisent le vœu de silence ainsi que la victoire du bien sur le mal. Il est aussi dit que l’action des rayons solaires sur les aiguilles d’argent ont une action bénéfique pour le corps humain. Les pénitents, pieds nus sur l’asphalte et chargés de leur Cavadee (mot tamoul décrivant un fardeau à des fins religieuses) sur leurs épaules se dirigent ensuite vers les grottes. Pendant cette imposante procession, leurs langues et leurs joues sont perforées de longs pics terminés d’un trident, symbolisant la lance de Muruga. Des crochets volumineux accrochés à des cordes de plusieurs mètres, sont appliqués par rangées entières sur la peau du dos de leur corps déjà fortement affaibli par le jeûne. Ces cordes seront maintenues avec rigidité par un acolyte telles des laisses freinant un homme soumis aux spasmes et aux transes. Des rangées de chaînettes terminées de crochets pendent à la frêle armature en bois encerclant le pénitent tel un prisonnier. Ces dizaines de crochets lui perforent tantôt le torse tantôt le dos. Dans une ferveur collective frôlant parfois l’hystérie, les pénitents entament la laborieuse procession et l’ascension des 272 marches menant aux grottes. De nombreux fidèles souhaitant participer à la pénitence sans subir de souffrances physiques se limitent à porter en offrandes dans les grottes des jarres remplies de lait sur leurs têtes. D’autres espèrent que leurs vœux seront exaucés en fracassant des jeunes noix de coco sur le sol lors du passage des pénitents. Ce rite ancestral pouvant sembler barbare à la vue des mutilations faites aux pénitents, reste pour les Tamouls le symbole de la souffrance terrestre qui ne peut être vaincue que par l’éveil spirituel. Quelle que soit la légende originelle à la source du festival de Thaipusam, ce rite reste un événement majeur dans la culture Tamoul, illustrant aussi bien le long chemin vers la spiritualité, que la difficulté pour tout peuple aujourd’hui de garder sa culture et ses croyances intactes malgré l’exil et les pressions du monde moderne. Notes[1] Source du texte http://www.assokeila.org 1 Message |
|
|